Vous soupçonnez votre employeur de discrimination mais vous ne savez pas comment le démontrer ? Rassembler les preuves d’une discrimination liée au handicap demande de la méthode et de la persévérance. Sans éléments tangibles, vos démarches risquent d’échouer même si vous êtes dans votre bon droit.
Nous allons vous expliquer comment constituer un dossier solide.
Identifier les preuves recevables devant les tribunaux
La justice ne se contente pas de votre parole, même si votre situation semble évidente. Vous devez produire des éléments concrets qui établissent un faisceau de présomptions. Heureusement, la loi facilite votre tâche en inversant la charge de la preuve dès que vous apportez des éléments de fait suffisants.
Les écrits constituent vos meilleures munitions juridiques. Emails discriminatoires, comptes-rendus d’entretien, courriers de refus d’aménagement : conservez précieusement tous ces documents. Un simple SMS de votre supérieur contenant des propos déplacés peut suffire à établir l’intention discriminatoire. D’ailleurs, consultez ici notre article sur ce que faire quand mon employeur ne respecte pas mon handicap.
Les témoignages de collègues renforcent considérablement votre dossier. Même s’ils craignent des représailles, certains accepteront de témoigner anonymement dans un premier temps. Leurs déclarations sur l’atmosphère de travail et les comportements observés apportent une crédibilité externe à vos affirmations.
N’oubliez pas les preuves indirectes mais révélatrices : statistiques de l’entreprise sur l’emploi des personnes handicapées, comparaison de votre traitement avec celui d’autres salariés, évolution de votre carrière avant et après la révélation de votre handicap. Ces données contextuelles démontrent souvent un pattern discriminatoire.

Documenter méthodiquement chaque incident
La documentation systématique transforme des incidents épars en dossier cohérent. Cette démarche demande de la rigueur mais elle s’avère décisive devant les tribunaux. Votre mémoire peut vous trahir sous le stress, alors que vos notes contemporaines feront foi.
Tenez un journal détaillé de tous les événements liés à votre handicap au travail. Notez la date, l’heure, le lieu, les personnes présentes et les paroles exactes échangées. Cette chronologie précise révèle souvent une escalade discriminatoire que vous n’aviez pas perçue sur le moment.
Photographiez votre poste de travail non adapté, les obstacles architecturaux, les équipements défaillants. Ces images valent parfois mieux qu’un long discours sur vos conditions de travail dégradées. Attention toutefois au droit à l’image de vos collègues et au règlement intérieur de votre entreprise.
Sollicitez systématiquement des accusés de réception pour vos demandes d’aménagement. L’absence de réponse de votre employeur dans un délai raisonnable constitue déjà un élément probant. Cette stratégie de traçabilité transforme le silence administratif en preuve de négligence.
Faire appel aux bons témoins au bon moment
Les témoignages constituent souvent l’élément déclencheur qui fait basculer votre dossier. Mais attention, tous les témoins ne se valent pas et leur intervention doit être parfaitement orchestrée. Un témoignage mal préparé peut même desservir votre cause.
Privilégiez les témoins neutres : clients, fournisseurs, prestataires externes qui ont observé les situations discriminatoires sans être impliqués émotionnellement. Leur parole sera considérée comme plus objective par les tribunaux que celle de vos proches collègues.
Les représentants du personnel constituent des témoins particulièrement crédibles. Délégués syndicaux, membres du CSE ou référents handicap ont une légitimité institutionnelle qui renforce leur témoignage. Leur formation juridique leur permet d’identifier précisément les manquements légaux observés.
Préparez soigneusement vos témoins sans influencer leur déclaration. Expliquez-leur les enjeux juridiques, les points cruciaux à aborder, mais laissez-les s’exprimer avec leurs propres mots. Un témoignage spontané et authentique vaut mieux qu’un récit trop policé qui paraîtrait suspect.

